e 22 septembre 1980, l’Irak de Saddam Hussein envahit l’Iran, que Bagdad juge déstabilisé par la révolution islamique survenue l’année précédente, et qui s’est notamment traduite par d’importantes purges au sein de l’armée. Hussein estime que ses forces, relativement bien équipées et convenablement entraînées, disposent de tous les avantages sur les forces désorganisées de l’ex-puissance dominante du Moyen-Orient. Jusqu’à la révolution de 1979, l’Iran était en effet l’allié majeur de Washington face à une possible. Ce bref descriptif – hormis la durée, et bien entendu les conditions de fin des hostilités – évoque bien sûr irrésistiblement l’actuelle guerre en Ukraine, où l’on retrouve des composants similaires : invasion pariant sur une guerre remportée sans avoir à s’engager à fond face à un ennemi qu’on croit dénué de volonté de combattre ; échec initial face à une résistance opiniâtre qui a le bénéfice supplémentaire pour le défenseur de solidifier l’appui populaire ; implication de tierces puissances ; impact somme toute réduit des armes présentées comme devant être des « »… Il faut toutefois arrêter ici l’analogie stratégique et tactique, tant le contexte régional et international, la nature des enjeux, les buts des belligérants, et même l’évolution possible des opérations éloignent la guerre en Ukraine de celle entre l’Iran et l’Irak quarante ans plus tôt. Il est, toutefois, un domaine dans lequel le conflit Iran-Irak résonne encore avec une singulière acuité : celui de ses conséquences sur le long terme. Par son ampleur, par la nature de ses acteurs – l’Iran, traditionnelle superpuissance régionale, et l’Irak, puissance centrale jouant le rôle de pont entre le monde perse et l’Asie centrale, le monde arabe et ses extensions méditerranéennes –, la guerre entre Bagdad et Téhéran a ouvert un cycle de recompositions régionales et internationales aux prolongements considérables. Le « problème irakien » qui a alors émergé n’a jamais véritablement été réglé, et son impact sur l’affaiblissement relatif de la puissance américaine est indéniable – après avoir un temps symbolisé son triomphe sans partage. Autre conséquence de cette guerre terminée sur les positions mêmes où elle avait commencé : une longue et âpre confrontation entre l’Iran et les puissances sunnites du Golfe, que la récente médiation chinoise apaise, mais ne résout pas (en tout cas, pas encore). Les transformations politiques, sociales, économiques, l’impact sur l’équilibre des forces ont eu au final plus d’impact que l’issue militaire après 8 années de combats. À l’heure où l’Europe sera la première concernée par les conséquences durables de la guerre en Ukraine, ses États feraient bien de méditer ce précédent historique.
HIER IRAK-IRAN, AUJOURD’HUI RUSSIE-UKRAINE ?
Aug 10, 2023
3 minutes
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