Elle déclenchait une sympathie universelle. L’irrésistible Anglaise nous a quittés dimanche 16 juillet à 76 ans
Libre, audacieuse, elle s’affranchit d’une éducation austère
Tout lui va, même rien. Cette année-là, elle chante « 69 année érotique » comme un cantique. À 23 ans, Jane est déjà divorcée du compositeur John Barry, mère d’un enfant, Kate, et l’un des visages du Swinging London. On l’a vue nue dans « Blow-Up » d’Antonioni, Palme d’or à Cannes. Mais quand le photographe David Bailey lui demande de se dévêtir devant son objectif, la scandaleuse hésite. « Machine au vent, je me cache de mes poings… C’était fait, embarrassée mais fière, racontera-t-elle. Il me demandera d’en tirer un poster, je refuse. Après coup, j’ai tant regretté. C’est une des photos dont je suis la plus ravie, il a saisi la personne farouche mais culottée que j’étais. »
Aussi belle que lui est doué, ensemble, ils formeront un duo explosif qui va bousculer leur époque
Pas de coup de foudre mais une rencontre qui fait des étincelles. Sur le tournage de « Slogan », le film de Pierre Grimblat, en 1968, elle trouve Gainsbourg odieux, « horrible ». La volte-face aura lieu un soir au Jimmy’z, alors qu’il lui marche sur les pieds… Jane est attendrie par la maladresse et la timidité du provocateur à fleur de peau. Pour lui, elle accepte de choquer la bien-pensance en chantant « Je t’aime moi non plus ». Elle confiera à Paris Match en 2020 : « Tout le monde pensait qu’il était dangereux, cynique, cruel. C’était tout le contraire ! […] Même sa beauté… La beauté de Serge était d’une originalité foudroyante, avec son côté slave, russe. C’était un paquet-cadeau. »
GAINSBOURG, L’AMOUR MYTHIQUE
Attirance sexuelle ? Affirmatif !
« J’étais ravie d’être l’objet de désir de Serge », dira-t-elle. Birkin est sa muse et sa Melody Nelson. Elle le sublime, parfait son image de dandy chic, barbe de trois jours et Repetto blanches. En 1978, dix ans après leur rencontre, il déclare : « On se bagarre, il y a des pleins et des déliés, et je crois que c’est la bonne formule. » Elle le quitte en 1980, quand naît Gainsbarre, mauvais génie d’un poète que la douleur inspire. Il lui écrira alors, disait-elle, « les chansons les plus belles, les plus déchirantes ». Notamment « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ».
Un sex-symbol et un musicien de génie… Pour Kate et Charlotte, c’est juste une maman et un papa
Elle trouve le mariage démodé, mais la maternité la comble. À la naissance de Charlotte, Serge est lui aussi fou de bonheur : « Je ne l’ai jamais vu aussi heureux », dira Jane. À 20 ans, elle avait eu Kate avec le compositeur anglais John Barry. Gainsbourg l’avait immédiatement adoptée et élevée comme sa propre fille. Si à Paris le couple, au sommet de sa gloire, mène une vie tumultueuse, en vacances ils jouent les parents modèles. La jeune mère de famille confie : « Je voudrais qu’elles gardent de leur enfance des souvenirs magiques. »
UNE FAMILLE PAS TOUT