Emmanuel Macron est un homme de son temps. Le chef de l’Etat sait combien les émotions collectives dévorent l’espace politique. Ces poussées de fièvre, aussi fugaces qu’intenses, engloutissent la raison. A l’Elysée, les chaînes d’information en continu sont un thermomètre des affects. Un ancien ministre a en tête les coups de fil nocturnes du président, l’oeil rivé sur BFMTV. « Tu as vu? Ce sujet monte. Il faut réagir! » Ce mercredi 28 juin, Emmanuel Macron prend lui-même les choses en main. La veille, à Nanterre, un adolescent de 17 ans a été tué à bout portant par un policier après un refus d’obtempérer. La vidéo du drame tourne en boucle sur les réseaux sociaux, des émeutes gagnent le pays. Le chef de l’Etat s’en fait l’écho lors d’un déplacement à Marseille. « La justice doit passer […] Rien ne justifie la mort d’un jeune. » Une minute de silence est observée quelques heures plus tard à l’Assemblée nationale.
Trompeuse concorde. La bataille politique fait déjà rage. La gauche dénonce des violences policières systémiques et exige des évolutions législatives. « Cette police doit être entièrement refondée », tonne Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen accuse Emmanuel Macron de sortir de son rôle. La droite, elle, reste mutique. Sa gêne est palpable: elle mesure