C’est en 1930, à l’initiative de Willy Strecker, directeur des éditions Schott, qu’Igor Stravinsky fait la connaissance du violoniste Samuel Dushkin et décide de lui écrire un concerto. Un jour de l’hiver 1930-1931, lors d’un déjeuner à Paris, le compositeur griffonne au dos de la carte du restaurant un accord de trois notes, ré-mi-la, avec une périlleuse extension entre le mi et le la suraigu. Dushkin émet des doutes sur sa faisabilité puis, l’essayant le soir même, découvre avec stupeur qu’il est jouable, et même tout à fait violonistique, bien que trop étiré et allant contre le grain de l’instrument. Stravinsky avait, comme il dira lui-même, son « passeport » pour le concerto.
Composé à Nice et à Voreppe (Isère) au printemps et à l’été 1931, le (titre original en français) est créé à Berlin le 23 octobre 1931 par Dushkin, et l’Orchestre de la Radio dirigé par le compositeur. Interprétation brillante du soliste mais beaucoup moins de l’orchestre, ce qui provoque la fureur de Hindemith, fidèle soutien de Stravinsky en Allemagne. L’accueil du public comme de lae siècle, malgré de rares et glorieuses exceptions (Sibelius, Elgar, Szymanowski, Prokofiev). D’ailleurs, Szymanowski et Prokofiev reviendront, en ces années 1930, au concerto pour violon, suivis par Berg, Schönberg et Bartok, dont on peut dire qu’ils l’ont plus encore renouvelé.