Le 4 avril 1920, le général Anton Denikine, commandant des forces armées du Sud de la Russie, démissionne de ses fonctions et quitte sa dernière base dans le Caucase, Novorossiisk. De tous les chefs blancs qui ont tenté de détruire le régime bolchevique, il est le seul à avoir représenté une menace sérieuse. Avant de sortir de l’Histoire, il transmet ses pouvoirs à un géant de 2 m habillé en guerrier tcherkesse: le général baron Piotr Wrangel. À partir de Novorossiisk, celui-ci parvient à ramener les débris des armées de Denikine (voir G&H HS n° 6, p. 67 à 75) en Crimée, qui confirme ainsi sa vocation de refuge des peuples vaincus – Scythes, Khazars, Tatars…
Piłsudski rend service à Wrangel
L’Armée rouge n’aurait fait qu’une bouchée des vagabonds dépenaillés de Wrangel, mais Lénine et Trotski ont d’autres chats à fouetter: les armées de la jeune république polonaise de Piłsudski, appuyées par les nationalistes ukrainiens, se massent sur la frontière occidentale et lancent, le 25 avril, une offensive éclair. Kiev tombe le 6 mai. Les bolcheviks ne laissent face à la Crimée que les 13000 hommes de la 13e armée, commandée par Eideman, ce qui semble suffisant pour bloquer les Blancs dans la péninsule mais pas pour garder les côtes de la mer d’Azov et de la mer Noire.
Quelques attaques frontales de la 13 armée, menées sans imagination, viennent se briser sur les défenses de l’isthme de Perekop gardé par le corps de Crimée du général Slachtchev. Jouant d’audace, ce dernier s’empare en outre de l’autre porte de la péninsule en montant une opération contre le pont ferroviaire qui enjambe le Syvach avec 500 hommes, 3 batteries de 76 mm et deux trains blindés. Derrière un feu roulant, les soldats atteignent la gare de Salkove, au », note le lieutenant J. N. Kennedy, attaché à la mission militaire britannique et témoin de l’affaire.