FILMER, JUGER
PAR CHRISTIAN DELAGE.
FOLIO HISTOIRE, 576 P., 13,50 €.
C’EST « JUSTE UNE IMAGE » disait Godard du cinéma, mais elle peut conduire quelqu’un en prison ou à la potence. Dès le début du XX siècle, la photographie, puis le film, ont fait leur entrée dans les prétoires, à titre de preuves, avec le procès de Nuremberg comme acmé d’une pratique devenue courante. Aux effets de manche, il faut désormais ajouter les mouvements de caméra, qui n’ont jamais été aussi, retrace l’histoire des usages judiciaires du cinéma, s’arrêtant sur quelques séquences emblématiques. Dans , réédition enrichie d’un livre de 2006, sont racontées et analysées des dizaines d’images ou de vidéos devenues iconiques, en dépit, ou à cause de l’horreur: les bulldozers du camp de Bergen-Belsen en 1945, Klaus Barbie, fantôme impotent à son procès lyonnais en 1987, Rodney King tabassé par des policiers de Los Angeles en 1991, jusqu’au récent massacre de Boutcha en Ukraine. Ces images ont eu droit de vie et de mort; elles ont convaincu ou non un jury; elles ont surtout façonné notre culture visuelle.