Existe-t-il vraiment ? Seuls une poignée de photos et d’éléments biographiques sont en ligne : artiste, 28 ans, Los Angeles. Il se cache. De quoi ? Je lui écris un email quelques jours avant Noël. Réponse évasive dans la journée. Il a l’air d’avoir envie de parler. Mais avant, il veut me faire passer une série d’épreuves. Des entretiens téléphoniques, puis deux rencontres en marge de la Fashion Week de Paris, avec son attaché de presse. Des dizaines de documents à assimiler. Un café avec un de ses amis au Soho House, club privé du 9e arrondissement de la capitale, au sein de l’ancien hôtel particulier de Jean Cocteau. Ensuite, peut-être pourrons-nous faire cette interview – s’il n’est pas dans un avion pour Hawaï ou New York.
En quelques semaines, Mason Rothschild est passé du statut d’inconnu à celui de star internationale. Il est au cœur d’une affaire qui a passionné l’industrie du luxe et les quotidiens anglo-saxons, du New York Times au Financial Times. Un procès retentissant l’a opposé à la maison Hermès. Il a mobilisé une armée d’avocats chevronnés pendant plus d’un an. Le 8 février, le jury du tribunal fédéral de Manhattan, à New York, l’a jugé coupable de contrefaçon. D’un genre un peu particulier : il a copié l’un des plus célèbres sacs Hermès, le Birkin, pour en faire une œuvre numérique, ces fameux NFT dont nous reparlerons plus tard. In fine, il a été condamné à verser 133 000 dollars de dommages et intérêts à la vénérable maison.
Après des mois de négociations, il apparaît enfin sur mon écran. Bonnet orange enfoncé jusqu’aux oreilles, grand sourire et visage juvénile. À cause du décalage horaire (huit heures), il est déjà tard à Paris quand Mason est roi. Alors, il me livre son histoire.