Braqueurs ou trafiquants, ils se sont radicalisés en prison. Devenus combattants islamistes, ils viennent nourrir et enrichir les cellules terroristes. Enquête
Par Frédéric Ploquin
« On justifie les mauvaises actions au nom de la cause. Dès lors que l’on verse un cinquième de nos gains à la mosquée – le minimum légal, fixé par un verset du Coran –, le reste devient religieusement licite. J’admets que cette couverture m’a poussé à la vaillance. » Ruddy Terranova, du sang corse et pied-noir dans les veines, fils de bandit, voyou lui-même, converti à l’islam en prison, a longtemps été sûr de son fait, au moins jusqu’au moment où il a eu du mal à se justifier devant ses enfants : escroquer, monter au braquage, voler des voitures, investir dans la contrefaçon… tout est autorisé à ces Robin des bois des musulmans, qui pensent à reverser à la mosquée une partie du butin de leurs larcins. Le célèbre prédicateur jordanien Abou Qatada, dont Terranova a croisé la route à Londres à la fin des années 1990, a mis au point une sorte de kit intellectuel pour délinquants prêts à rallier sa cause. Ce proche du Saoudien Oussama Ben Laden expliquait, barbe fournie et kalachnikov sur le ventre : « Le nerf de la guerre, c’est