Au premier étage du quartier des femmes de la prison de Riom (Puy-de-Dôme), sur un petit papier apposé à côté de la porte de la cellule 21, on peut lire en lettres d’imprimerie : « Cathy Chatelain ». La détenue qui dort ici a repris son nom de jeune fille et abandonné le patronyme sous lequel elle était connue comme surveillante pénitentiaire, il y a à peine plus de cinq ans. Audessous de son nom, au stylo bleu, elle a griffonné « chocolat » : c’est la boisson qu’elle prend au petit déjeuner. Ses codétenues ont surnommé Cathy « la Corse ». Cathy n’est pas corse. Elle a rêvé de l’être, et s’est même crue bandit corse.
Le centre pénitentiaire de Riom n’est pas ordinaire : il est labellisé « à réinsertion active », explique Stéphane Miret, directeur adjoint et guide improvisé, en ce jour d’avril, d’une visite de la députée PS Christine Pirès Beaune, que le JDD a pu suivre. C’est une prison si peu sécurisée que son mur d’enceinte est dépourvu de miradors. Ici, le profil de Cathy, 47 ans, détonne. D’abord, bien sûr, par sa qualité d’ex-« matonne » – elle l’a été pendant dix ans – devenue détenue ; à son arrivée, en juin 2018, ce statut a suscité son placement à l’isolement pendant quatre mois. Ensuite, elle semblait si disent ses fiches d’évaluation, qu’elle a été mêlée aux autres prisonnières, dans ce quartier de 30 places dont deux dévolues aux détenues avec des bébés de moins de 18 mois. En prison, Cathy Chatelain, inscrite au cours de couture, est aussi auxiliaire d’étage – elle fait le ménage dans les