La chronique de Gautier Depambour Doctorant en histoire des sciences au laboratoire Sphere
Le calcul infinitésimal, qui permet de décrire les variations de n’importe quelle grandeur physique (vitesse,siècle, un pilier de la science moderne. Mais qui en est vraiment à l’origine ? Isaac Newton en Angleterre, ou Gottfried Wilhelm Leibniz sur le continent ? Telle est la querelle qui enflamme la communauté scientifique à partir de 1699. Cette année-là, un mathématicien suisse nommé Nicolas Fatio de Duillier, qui n’apprécie pas spécialement Leibniz, accuse celui-ci publiquement de plagiat. Selon lui, Leibniz aurait copié le calcul infinitésimal de Newton puis imposé ses propres notations et son propre vocabulaire… tout en se gardant bien de reconnaître la priorité du savant anglais ! Leibniz conteste ces insinuations et espère que le grand Newton ne les cautionnera pas. Mais Newton se laisse convaincre que son honneur a été bafoué, et cherche dès lors à défendre sa priorité. Il tâche aussi de montrer que son calcul est supérieur à celui de son homologue allemand et critique notamment sa définition des quantités infiniment petites, qu’il juge absurde. La querelle ne fera que s’envenimer, et elle se poursuivra entre les Newtoniens et les Leibniziens même après la mort des deux intéressés… Peut-on aujourd’hui départager les deux camps ? Certainement : les historiens s’accordent à dire que les deux savants ont développé le calcul infinitésimal indépendamment l’un de l’autre. Simplement, Newton l’a découvert en premier dans les années 1660, et Leibniz l’a publié en premier en 1684. Pas de jaloux !