Des hippies, Dieu, des militaires mais aussi des conservateurs, des rêveurs, des financiers, des gourous… Il en a fallu du monde pour arriver à aujourd’hui. À ce moment précis où, collectivement, face au développement de l’intelligence artificielle, nous nous interrogeons: où va-t-on? faut-il faire une pause? sommes-nous dépassés? Des pauses, il n’y en a pas eu beaucoup dans cette histoire qui part des militaires, passe par des idéalistes promoteurs de monde alternatifs pour arriver à des entreprises plus grosses et influentes que les États. « Si les technologies façonnent notre monde et finalement définissent la façon dont nous interagissons avec celui-ci, celles-ci n’apparaissent pas non plus par hasard. » Dans ce domaine comme dans les autres, l’Histoire – même récente – éclaire le présent. Gilles Babinet, l’un des spécialistes français des nouvelles technologies, racontenotamment comment « l’idéologie techno-hippie californienne des années 1970 avec ses communautés » a été remplacée par « la mythologie reaganienne » « entièrement structurée autour de la notion d’émancipation individuelle ». Dans Comment les hippies, Dieu et la science ont inventé Internet, on croise des personnalités étonnantes comme Robert Metcalfe, des lois devenues fondamentales comme la loi de Moore. On apprend que les projets de certains gourous sont effrayants, mais que les rêves communautaires d’open source sont toujours sous-jacents et que les acteurs de cette incroyable histoire veulent tout simplement « soulever le monde ».
CHAPITRE I LA PRÉHISTOIRE D'INTERNET
De l'importance des idéologies
Ce qui relie tous les protagonistes évoqués dans ce livre se résume à la puissance du contexte politique et idéologique de la révolution numérique. Chaque personnage a participé à différents titres à son élaboration, et chacun s’inscrivit si bien dans le creux de son présent qu’il en devint l’histoire. Ensemble, ils montrent combien la Silicon Valley est une remarquable affaire de foi, de démesure, de marginalité, de