Raconter l’aventure des vignobles émergents, c’est sortir des sentiers battus pour explorer de nouveaux paysages: des pieds de vignes plantés sur les flancs noirs d’un terril, d'autres à portée de vue de la future ligne 16 du Grand Paris, d’autres encore avec panorama sur la Rance. C’est aussi, par exemple, en janvier dernier l’inauguration d’un chai viticole flambant neuf dans la Somme (lire La RVF n° 669, avril 2023), dans une ancienne usine de transformation de betteraves sucrières entre Arras et Amiens, ou déguster un chenin né sur la plaine de Versailles. Du jamais vu, du jamais bu. « On est une sorte de nouveau monde », résume, ému, Gérard Samson, aux Arpents du Soleil, pionnier de la viene en Normandie.
Île-de-France, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France… Depuis quelques aimées, un nouvel horizon viticole se déploie résolument au nord de la “ligne de démarcation” de la vigne, cette frontière informelle et symbolique passant par l’axe Laval - Alençon - Évreux - Beauvais. Des projets viticoles de toutes taillés et de tous styles naissent dans des régions traditionnellement perçues comme impropres à la culture de la vigne - climat défavorable, absence de bons terroirs, de tradition viticole. Y planter des vignes et y produire bientôt du vin est donc une petite révolution pour tous ceux qui ont planché des heures sur la carte du vignoble français.
UNE RENAISSANCE PLUS QU'UNE NOUVEAUTÉ
L’un d’eux aurait sans doute aimé cette époque nouvelle: Roger Dion (1896-1981), l’auteur de l'Histoire de la vigne et du vin, des origines au XIXe siècle (CNRS Éditions, 2010). « Le spectacle », écrivait-il en 1952.