L’ex-flic de la Goutte-d’Or a fait deux ans de prison avant d’être innocenté. Il raconte les méthodes d’un service sous pression
Le 11 juin 2019, il est tiré du lit par une juge d’instruction, sept policiers, un chien renifleur. « On m’a traité comme si j’étais Pablo Escobar »
Par Manon Quérouil-Bruneel
On fantasmait un cow-boy hâbleur, l’un de ces super-flics fleurant bon la testostérone, tout droit sortis de « Bac Nord ». C’est un boxeur sonné qui se présente, sur ses gardes et presque timide, s’exprimant pour la première fois afin de « laver [son] nom et [son] honneur ». Karim Mameche, alias « le Bylka » (Kabyle en verlan), a été condamné le 22 février 2021 à huit ans de prison ferme – une peine d’une sévérité rarissime pour un policier en exercice. « On m’a assassiné », lâche l’ancien brigadier, toujours bien noté par sa hiérarchie, qui comparaissait aux côtés de cinq de ses collègues de la Bac du XVIIIe arrondissement de Paris pour onze chefs d’accusation. Un palmarès à faire rougir bien des gangsters chevronnés.
À force de côtoyer des voyous, celui qu’on présentait alors comme un ripou aurait fini par leur ressembler. Contaminé par la noirceur de son environnement, voire mû par des prédispositions socioculturelles : au cours de son procès, on ne manque pas de rappeler que