Depuis l’attaque de l’Ukraine par l’armée russe, l’organisation de protection des frontières a renforcé ses dispositifs militaires. Reportage avec les troupes françaises en Estonie et en Roumanie
Marches furtives, tirs d’embuscade, explosions par moins 20 degrés. Plus de 300 soldats français sont déployés
L’Otan fait renaître un schéma de défense comme on n’en avait plus vu depuis la fin de la guerre froide
De notre envoyé spécial Henri de Lestapis
Moins 13 degrés. Le lieutenant Joseph a le nez rouge et l’œil humide. Son fusil d’assaut HK 416 serré contre lui comme un nourrisson, il marche à pas résolus sur la piste glacée. Après deux jours et une nuit ponctués de marches furtives, de tirs d’embuscade, d’explosions et d’interminables heures d’attente les pieds dans la neige, d’autres seraient à l’agonie. Pas ce jeune officier qui parle fièrement de sa trentaine de soldats. « Divisés en trois groupes, ils se sont infiltrés à travers les bois sur une dizaine de kilomètres. Chacun d’eux devait s’emparer d’un objectif protégé et le faire sauter au petit matin.compagnie du 13bataillon de chasseurs alpins de Chambéry ont débarqué dans ce petit pays de 1,4 million d’habitants qui a appris à vivre au côté du plus belliqueux des voisins. Ici, la défense nationale est ancrée dans les gènes, comme en témoignent les EDL (Estonian Defence League) des volontaires, prêts à sortir l’armement qu’ils conservent chez eux. Ainsi fonctionnent-ils depuis… 1918. Le capitaine Jean-Baptiste, officier adjoint du commandant de la 4compagnie du 13BCA, a eu l’occasion de s’entraîner avec eux, notamment au tir à skis. « Nous n’avons pas grand-chose à leur apprendre, ils sont rompus au froid, maîtrisent leur terrain. Même les enfants connaissent les mesures de sécurité d’un fusil d’assaut. Et ils sont reconnaissants de notre présence. » Pour preuve, cette invitation « chaleureuse » du 24 février, jour de la fête nationale, à venir se baigner… dans un lac gelé. « Nous sommes sept à avoir accepté, » sourit le capitaine.