Deux énormes bombardiers américains B-52 survolent le château de Stockholm à basse altitude. La scène se déroule début septembre, et elle a de quoi époustoufler les passants. « En voyant ces “forteresses volantes” [NDLR : identiques à celles de la guerre du Vietnam] au-dessus de la vieille ville et des ministères, j’ai cru halluciner, raconte le quinquagénaire Carl-Mikael Lundqvist, qui se promenait en ville ce jour-là. J’ai immédiatement pensé à la guerre en Ukraine et, en même temps, au retour de la guerre froide chez nous », poursuit cet entrepreneur qui était adolescent lorsqu’en 1981 l’échouage d’un sous-marin soviétique au large des côtes suédoises fit la une de la presse mondiale. Trois semaines après le survol des B-52, le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, probablement par un commando russe, a encore fait monter d’un cran la tension au nord de L’Europe. Cette fois, oui, la grande Histoire est bien de retour en mer Baltique.
Car les effets de l’invasion russe en Ukraine se font sentir sur ces rivages septentrionaux, situés à seulement 800 kilomètres de Kiev. Dès le 24 février, la Finlande (5,5 millions d’habitants) et la Suède (10,5 millions) enclenchent le processus d’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) et mettent fin à leur « neutralité historique ». « Les choses sont allées très vite, raconte, à Stockholm,