La mort de Benoît XVI n’a pas laissé François sans collègue. À Baltimore vit un pape assez particulier. Celui que l’on surnomme le « pape du trash », John Waters, souverain pontife du mauvais goût et chef de l’Église pas très catholique. À 77 ans bientôt sonnés, le réalisateur de Pink Flamingos, de Cry-Baby et de Polyester est devenu une figure consensuelle de la pop culture américaine. Mais l’erreur serait de croire que l’homme à la fine moustache ourlant des lèvres malicieuses a renoncé à la provocation. Certes, il ne filme plus un travesti obèse – son ami et égérie Divine – savourant une (vraie) crotte de chien. Il n’empêche que son premier roman, Sale Menteuse (Gaïa Éditions), regorge de scènes scabreuses qui témoignent d’un appétit intact pour l’obscénité joviale. Une cavale délirante à la poursuite d’une voleuse d’aéroport snob et mythomane nommée Marsha, dans une Amérique passablement déglinguée. À l’occasion de ce nouvel attentat aux bonnes mœurs, Sa Sulfureuse Éminence a accepté de répondre aux questions du JDD Magazine, depuis Baltimore.
Vous avez attendu d’avoir 75 ans pour risquer un premier roman. Y a-t-il des différences avec l’écriture d’un scénario ?
À l’heure actuelle, je ne sais plus trop, car va bientôt être porté au cinéma et donc je suis en train de le transformer en scénario. C’est une étrange expérience qui donne l’impression d’écrire à rebours. Au lieu d’ajouter, on coupe ! Et puis, dans mon roman, il y a beaucoup de ruminations internes qu’il va falloir que j’explicite à l’écran. Vous savez, je n’ai jamais tourné quelque chose que je n’avais pas personnellement écrit. Oser un roman faisait juste partie des défis que j’aime encore me lancer,