Il arrive à bicyclette – quoi de moins étonnant, puisque c’est la Hollande –, entre dans l’église de Bennebroek, salue l’équipe de tournage avec une courtoisie naturelle, ouvre l’étui, en extrait son violoncelle. La leçon peut commencer.
Modeste, concentré; l’affabilité un rien distanciée par un humour pince-sansrire (« Le caractère du violoncelliste est d’être paresseux, bête, et gras. ») mais une tendresse sans fard dans le geste, le regard: tel nous le restitue la réalisée par François Manceaux en de Bach confiées aux micros de Seon, le label du fidèle Wolf Erichson. Anner Bylsma n’était certes pas le premier à proposer une approche historicisante d’un recueil où un certain Nikolaus Harnoncourt avait déjà posé l’archet en 1965 pour la Musical Heritage Society, mais son enregistrement rencontra un écho bien plus puissant que celui de son bouillant prédécesseur; la souplesse chorégraphique, la clarté du contrepoint, l’absence de dogmatisme l’installèrent au sommet de la discographie.