Côté Paris

MONDE RÉENCHANTÉ

qui sera l’objet de sa thèse de diplôme en tant qu’attribut de beauté au XVIII siècle, prend du champ au fil des ans. Elle s’empare du ciel, suit l’envol des hirondelles. Elle gagne les mers, explore les profondeurs. Afin de rendre compte de cette magie de la nature sans cesse renouvelée, le dessinateur extrêmement précis qu’il est, se siècle, l’« ajouré en orbevoie», pratiqué par les orfèvres pour la réalisation de reliquaires et les décorations des serrures. Il reconstitue sur une feuille de cuivre l’illusion de plusieurs plans décalés, en détourant les formes, les perforant, exécutant ainsi une dentelle de métal. Ses illustrations résultent aussi de superpositions, d’inspirations empruntées aux natures mortes du XVII siècle ou aux photographies anatomiques des plantes de Karl Blossfeldt. L’artiste croise les études du peintre Albrecht Dürer, les planches de botanique de Pierre-Joseph Redouté et son appétence pour l’Art nouveau. Il donne à voir l’éclat des livrées poudrées et diaprées des papillons, la transparence des ailes nervurées et perlées des libellules, l’iridescence des carapaces des scarabées. Cet univers à l’exotisme souvent ignoré s’ébat dans les jardins extraordinaires de Michaël Cailloux, entre volutes et corolles. Son monde offre aux rêves une carpe koï au sommet du mont Fuji, des poissons porcs-épics aux allures de cactus, des araignées fleurs dont les toiles servent de terrain de jeux aux nymphes… Chacun évoluant en toute liberté. Il préfère à la perspective, l’« aspective», pratique qui prend son origine dans l’art ancien égyptien. Contrairement à la première qui représente un objet conforme à ce qu’on voit depuis un seul point de vue, en appréciant les distances, la deuxième s’émancipe de ces contraintes et envisage le sujet dans ses multiples dimensions. En découle la représentation de certaines parties en vue frontale et d’autres de profil. Son style particulier séduit de nombreuses maisons et marques. L’artiste pollinise de sa fantaisie le vase boule Art déco emblématique des Émaux de Longwy, un jeu de tarots pour Dior, des boîtes de produits de beauté Shiseido, un service en porcelaine pour Bernardaud. Il multiplie aussi les expositions depuis sa première en 2016, « À l’ombre de la tour Eiffel» chez sa galeriste Nathalie Béreau, à la dernière au Musée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency où il interprète l’herbier célèbre de l’écrivain. Entre les deux, sa notoriété ne cesse de croître au Japon, représenté par la galerie Irène. Ses plaques de cuivre gravées, découpées, retravaillées évoquent les vieilles gravures sur bois traditionnelles du pays. Il collabore avec l’atelier Ibasen, installé à Tokyo depuis quatre cents ans, à la confection d’un éventail où une carpe koï nage au clair de lune. Il s’acoquine aussi à un éditeur de livres de jeunesse, Thierry Magnier, paraissent et La richesse de son étendue chromatique n’a d’égale que celle de la biodiversité. » Les murs aussi gagnent en éclat à son contact, parés de ses bijoux monumentaux travaillés à partir des matrices de ses gravures.

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