Bordeaux est sans conteste la région qui propose le plus large spectre de tarifs aux amateurs. Des bouteilles à 2 euros disponibles en grande distribution jusqu'aux crus les plus prestigieux dont certains millésimes dépassent les 1 000 euros, il y en a pour toutes les bourses. Dans cette vaste jungle, il nous semblait intéressant de nous focaliser sur un segment très prisé des amateurs-consommateurs français: celui des vins dont le prix oscille entre 15 et 40 euros. Une fourchette qui permet, dans chaque appellation bordelaise, de trouver des vins de grande qualité, aptes à constituer une cave sérieuse.
PARMI LES MEILLEURES AFFAIRES DE FRANCE
Victime de sa politique tarifaire souvent difficile à comprendre, faite de hausses spectaculaires et de baisses qui le sont généralement moins, Bordeaux subit depuis quelques années les foudres d'une grande partie de ses clients historiques. Ce rejet, dont le prix n'est en réalité qu'une composante (Bordeaux n'a pas su communiquer sur la notion de terroir), s'est largement propagé en France et dans quelques grandes villes comme New York, sous la notion de “Bordeaux bashing”, littéralement “détestation de Bordeaux”. Un camouflet que les vignerons bordelais tentent désormais de faire oublier en retrouvant les bonnes grâces des consommateurs.
Bordeaux ne manque pas d'arguments pour y parvenir. La qualité des vins n'a jamais été aussi élevée, un tournant vers une agriculture plus responsable a été pris et le rapport qualité/prix de nombreux vins de la région les place dans le peloton de tête des meilleures affaires de France. C'est d'ailleurs dans ce segment, de 15 à 40 euros, que les amateurs peuvent largement puiser pour constituer leur cave. Oui, on trouve de grands vins de Bordeaux à moins de 40 euros sur chacune des rives de la Garonne.
ILS GARDENT LA TÊTE FROIDE
Rive gauche, le Médoc est une source de belles pépites avec des crus classés tels Cantemerle ou Cos Labory, d'ex-Crus bourgeois comme Siran, Ormes de Pez ou le toujours très plébiscité par les amateurs Haut-Marbuzet, mais aussi quelques outsiders à l'image de Domeyne. De son côté, l'appellation Pessac-Léognan a toujours su garder la tête froide en matière de prix (à de très rares exceptions près), ce qui fait que l'on y trouve une assez large sélection de vins, tels les châteaux Olivier ou Latour-Martillac que leurs progrès ces dernières années classent parmi les très bonnes affaires.
LE LIBOURNAIS, TERRE DE DÉCOUVERTES
Sur la Rive droite, le Libournais est lui aussi une terre de découvertes à prix raisonnables. En s’éloignant de la cité de la Jurade, une poignée d'appellations gravitent autour du clocher classé au patrimoine mondial de l'Unesco. On ne peut plus ignorer leur progression, à la faveur d'un terroir de qualité et d'une montée des prix associée à une baisse de rendement des vins de Saint-Émilion qui leur ont longtemps fait de l'ombre. Montagne, Saint-Georges et Puisseguin ont ainsi tous les atouts en main pour percer. De même, les vignerons de Fronsac et des Côtes de Castillon, unis derrière leurs terroirs d'argiles et de calcaires exceptionnels, s'exposent avec des vinifications plus en accord avec la consommation moderne à rotation plus rapide.
Loin de nous cependant l'idée d'abandonner les superbes sols de Saint-Émilion où des crus émergents rebattent les cartes, même si le récent classement de 2022 n'a pas non plus opéré de révolution. Les châteaux Coutet, Rol Valentin et Corbin sont ainsi à suivre de près. Et même le très select Pomerol offre quelques superbes vins dans cette gamme de prix. Citons notamment les châteaux de Sales, Mazeyres ou La Rose Figeac dont nous louons la qualité des derniers millésimes. Et puis, à un jet de pierre de là, n'oublions pas Lalandede-Pomerol et ses trésors.
Notre sélection ne serait pas complète si nous ne mentionnions pas les splendides vins liquoreux de la région, des cuvées qui, au regard de leur coût de production, rémunèrent mal les vignerons qui les produisent.
Certes, cette sélection ne vous permettra pas de mettre sur la table les étiquettes les plus prestigieuses de Bordeaux, mais vous y trouverez des bouteilles qui, nous en sommes certains, réserveront bien des surprises d'ici quelques années. Car, rappelons-le, à Bordeaux plus qu'ailleurs, les vins ont besoin de temps (environ dix ans) pour se révéler. Et même si les derniers millésimes permettent de se faire plaisir plus rapidement, quelques années de garde ouvrent la porte d'une autre expérience gustative. Alors, oui! Affirmons-le une nouvelle fois: les vins de Bordeaux méritent leur place dans la cave des amateurs et il est possible de trouver à