À l’écran, il a cette douceur folle et cette folie douce. Même lorsqu’il se mue en truand, Sami Bouajila dégage une infinie tendresse. À la ville, l’acteur est tout autre. Discret, oui, mais franc du collier. Souriant mais incisif. L’homme évite tout bla-bla inutile. Dans « Les miens », il montre une nouvelle fois l’ampleur de sa palette de jeu. Sous la direction de son complice Roschdy Zem, son personnage Moussa est brillant, attentionné, attachant. Jusqu’au jour où une vilaine chute provoque un traumatisme crânien qui fait sauter tous ses filtres. D’un coup, ses pensées sont livrées sans pincettes. Avec une aisance rare, Sami Bouajila jongle avec deux rôles, le Moussa d’avant et celui d’après l’accident. D’abord prodige d’un cinéma d’auteur exigeant, le Omar d’« Omar m’a tuer » est devenu le roi des gangsters du grand écran (« Braqueurs », « Paradise Beach »…), habité, complexe. Ce qui a fait aussitôt chavirer un nouveau public, plus populaire, plus extasié. Les jeunes l’interpellent désormais dans la rue, lui demandent des selfies quand les plus âgés l’arrêtent discrètement pour partager leur admiration. Bouajila est un caméléon qui n’a pas encore montré toutes ses couleurs.
Paris Match. “Les miens” est une plongée dans la famille de Roschdy Zem. Si on faisait un film sur la vôtre, à quoi ressemblerait-il ?
Il serait haut en couleur. J’ai une famille méditerranéenne, on est