Après ses séjours londoniens et son retour à Vienne en 1796, Haydn abandonne la symphonie au profit de la musique chorale. Aux Sept dernières paroles du Christ succède en avril 1798 La Création: triomphe, universel. Son librettiste Gottfried Van Swieten (directeur de la bibliothèque impériale, féru de Handel) pousse alors Haydn à donner un pendant à La Création en s’attachant au cycle des saisons – il envisagea même un troisième volet sur le Jugement dernier, projet ruiné par la maladie (artériosclérose) d’un compositeur éprouvé par la longue genèse des Saisons à partir de 1799 jusqu’aux premières exécutions au printemps 1801: « Les Saisons m’ont achevé. Je n’aurais jamais dû les écrire. »
Entre profane et religieux
Le livret en quatre parties puise dans le grand poème descriptif et moral de James Thomson, , publié dès 1730 et traduit dans toute l’Europe. Si de Thomson viennent l’invocation du printemps, l’orage, la chasse, le voyageur pris dans la neige, la voix anonyme de l’original se monnaye en trois figures champêtres: le fermier Simon (basse), sa fille Hanne (soprano) et le jeune Lukas (ténor), spectateurs et viennois.