En ce début de XVIIIe siècle, les guerres incessantes ont fait de la mer, pour l’essentiel, un espace de non-droit. Pour déclencher un conflit maritime ou autoriser une flotte à s’armer « en course », trois conditions sont nécessaires: un prétexte — honneur bafoué, représailles, revendication territoriale —, l’aval du roi — qui met volontiers son matériel et ses hommes au service de la « noble » cause — et surtout des soutiens financiers solides de la part d’investisseurs avant tout motivés par l’appât du gain. La bataille de Rio de Janeiro, sans doute la plus ambitieuse campagne navale menée par les marins mi-corsaires, mi-officiels de cette époque, est exemplaire.
Nous sommes en 1711, le royaume est en partie ruiné par les conflits à répétition et, neuf ans après le déclenchement de la guerre de Succession d’Espagne (), France et Angleterre ne cessent de se chercher des noises. Or, le port brésilien de Rio, possession du Portugal allié de Londres, fait un bien bel objet de querelle. C’est là en effet que s’accumule l’or tout fraîchement découvert au nord de la ville dans les montagnes du Minas Gerais… Mais c’est là également qu’en 1710 une expédition française de 1000 hommes et cinq vaisseaux, menée par un certain Jean-François Du Clerc, s’est achevée sur un massacre: les assaillants, capturés, ont été exécutés sommairement ou emprisonnés dans des conditions inhumaines. Les Français ont donc de bonnes raisons d’envisager des représailles. Il y a là une opportunité qui n’échappe pas au marin le plus roué et