Frédéric II n’a pas inventé l’armée prussienne: il la doit à son père Frédéric-Guillaume Ier, le « Roi-Sergent » qui lui lègue à sa mort, le 31 mai 1740, 31 régiments d’infanterie d’environ 1700 hommes, soit, avec la cavalerie et l’artillerie, 83000 soldats bien entraînés et payés grâce à 8 millions de thalers accumulés. Le souverain de 28 ans va s’en servir pour révéler à l’Europe le potentiel d’un État-caserne, au mieux ignoré et au pire méprisé par ses puissants voisins.
L’occasion se présente dès le 20 octobre 1740 à la mort de Charles VI, l’empereur du Saint-Empire. En vertu de la Pragmatique Sanction, sa fille Marie-Thérèse devrait lui succéder, ce que conteste Charles Albert, l’électeur de Bavière, qui revendique pour lui la couronne impériale. Profitant de la faiblesse politique passagère de Marie-Thérèse, princesse de 23 ans, Frédéric II saute sur la Silésie (voir carte p. 19), mal défendue. Le 13 décembre, il y entre avec 22000 hommes, 13000 chevaux et 34 canons. Comme l’hiver est arrivé et que Glogau (Głogów) prétend résister, Frédéric fait d’emblée un choix qui résume sa philosophie militaire: plutôt que de prendre le temps d’un siège comme veut l’usage, il laisse un écran de troupes pour foncer sur la capitale, Breslau (Wrocław), qui capitule le 3 janvier 1741. Puis il laisse le vieux général Schwerin, mentor désigné par son père, achever la conquête.
À Mollwitz, Frédéric retient la leçon
Certain que la guerre va s’étendre, Frédéric II attend de s’allier au premier qui servira ses intérêts, mais il est forcé à revenir en Silésie, où Marie-Thérèse contre-attaque. Le 10 avril 1741, à Mollwitz, il surprend le », commente Frédéric – à la troisième personne, comme César – dans l’. En juin 1741, Versailles signe une alliance avec Berlin. Sans lendemains: Marie-Thérèse, menacée par l’avance franco-bavaroise en Bohême, signe avec lui un armistice secret le 9 octobre.