n a vu dans l'auteur du l'un des premiers promoteurs de la tolérance moderne, préfigurant Locke, Bayle ou Voltaire, voire un précurseur de ce qui ne fut théorisé en France que deux siècles plus tard sous le néologisme de « laïcité », pour désigner un principe juridique marquant la séparation des prérogatives du pouvoir civil du pouvoir religieux. De fait, le traité défend la primauté d'une « » où le pouvoir souverain de l'État garantit à chaque individu toute liberté de penser et de s'exprimer. Bento Spinoza y met toutefois un bémol sinon une condition: cette liberté fondamentale, selon lui, tant pour l'individu que pour l'État, » et sans être animé d'une volonté perturbatrice, rebelle ou séditieuse visant à détruire l'autorité politique chargée du pouvoir souverain. D'un autre côté, voir en Spinoza un défenseur avant la lettre des principes modernes de tolérance et de laïcité a aussi pu sembler paradoxal. En effet, le mot de tolerantia ne se rencontre nulle part sous sa plume. On y trouve certes le verbe , mais dans un sens qui ne renvoie pas à l'idée moderne de tolérance définie comme la latitude accordée à autrui de penser et d'agir librement selon des principes autres que les nôtres, la au sens classique renvoyant de manière plus limitée à cette sorte de grâce qui permet à une personne de supporter ce qui en droit ne devrait pas l'être. Que les mots ne se trouvent pas sous la plume de Spinoza ne signifie pas pour autant que ces notions en soient absentes.
