C’était une journée difficile pour Margaux, un triste anniversaire : treize ans auparavant son mari, Hervé, et sa fille de 7 ans, Pauline, disparaissaient en mer durant une balade en bateau. Les corps n’avaient jamais été retrouvés et il lui était impossible de faire vraiment son deuil. Seule une petite plaque mentionnant les deux noms avait été fixée sur un mur du cimetière du village. Elle avait conservé la chambre de Pauline comme celle-ci l’avait laissée, avec ses jouets de l’époque, son petit bureau où étaient étalés ses livres de classe et ses vêtements bien empilés dans son armoire. Personne n’avait le droit d’y entrer. Margaux avait l’impression que Pauline pouvait encore passer la porte en chantonnant. Ce matin-là elle s’était assise sur le petit lit et feuilletait le livre Le Petit Prince, Pauline l’adorait. Elle se souvenait de leurs soirées de lecture, de leur grande complicité, de leurs éclats de rire qu’Hervé ne comprenait pas toujours. Pauline criait souvent à qui voulait l’entendre : « Un jour je serais institutrice. » Un jour, oui, mais ce jour ne viendrait jamais.
Margaux renifla bruyamment et essuya les larmes qui coulaient sur ses joues. Victor et Tiago allaient bientôt se lever et elle ne pouvait pas leur montrer sa tristesse même s’ils connaissaient parfaitement son histoire. Elle fixa la photo de Pauline et Hervé sur la table de nuit. Le papa poule enlaçait sa fille. Elle datait d’une semaine avant le drame. Elle embrassa sa main et la posa sur leurs visages.
– Je vous aime tellement.
Elle se leva puis se dirigea vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner pour les deux hommes de sa nouvelle vie. Elle avait connu Victor cinq ans après le drame lors d’un mariage. Il était le cousin de la mariée et elle la cousine du marié. Ils avaient beaucoup parlé et s’étaient découvert de nombreux points communs.
Au fil des mois, une amitié sincère était née. Margaux ne pensait pas pouvoir lui offrir plus. Victor, lui, n’avait aucun doute : elle