La chronique de Gautier Depambour
Doctorant en histoire des sciences au laboratoire Sphere
En 1976, Stephen Hawking jette un pavé dans la mare. Ou plutôt, dans un trou noir : une théière, une particule élémentaire… tout ce que vous voulez –, il n’en restera aucune trace. C’est une véritable catastrophe ! Car il existe un principe fondamental selon lequel, dans l’Univers, aucune information ne peut disparaître. Or, si ce principe est violé, c’est tout l’édifice de la physique théorique qui s’effondre… Ce à quoi le physicien américain Leonard Susskind ne peut se résoudre : il faut sauver la physique ! Susskind s’efforce donc de démontrer à son ami Hawking que l’hypothèse ne tient pas. Au milieu des années 1990, le physicien, avec son collègue Gerard ’t Hooft, trouve finalement une solution : il se pourrait que le trou noir, dans lequel nombre d’objets ont eu le malheur de tomber, soit enveloppé d’une sorte d’hologramme contenant toutes les informations nécessaires pour décrire ces objets. Ainsi, la surface du trou noir apparaît comme une image de ce qui se trouve à l’intérieur : ce que l’on appelle le “principe holographique”. Réalité physique ou élucubrations de chercheur ? Qu’importe : rien qu’en proposant cette idée, Susskind prouve qu’il est possible d’échafauder une théorie dans laquelle les trous noirs ne sont pas aussi destructeurs que ceux envisagés par Hawking. Ce dernier reconnaîtra sa défaite, mais seulement en 2004, soit quelques années plus tard.