UNE VOIX ÉTHÉRÉE et des guitares “acides” passées dans une cabine Leslie… Un beat de batterie surnaturel, trafiqué par le biais d’un limiteur compresseur Fairchild… Des boucles sonores venues de l’au-delà mixées dans des conditions épiques… Des paroles énigmatiques aux allures de mantra : “Tomorrow Never Knows”, summum de psychédélisme signé John Lennon mais boosté par les idées avant-gardistes de Paul McCartney (les loops, c’est lui), clôt majestueusement la seconde face de l’album Revolver, enregistré entre le 6 avril et le 21 juin 1966, dans les studios EMI, à Abbey Road. C’est par ce morceau sur un seul accord encore intitulé “The Void” que les Beatles entament l’enregistrement du disque qui va révolutionner la pop music à sa sortie, au mois d’août de la même année. Inspiré à son auteur par la lecture de L’expérience psychédélique, la version du Livre des morts tibétain par Timothy Leary, “Tomorrow Never Knows” est le premier exemple d’un morceau entièrement façonné en studio avec la complicité d’un producteur, George Martin, et d’une paire d’ingénieurs du son encouragés par le groupe à “briser toutes les barrières”.
À partir des basic-tracks, les Beatles vont élaborer la chanson, couche après couche, sur les quatre pistes dont ils disposent, aboutissant à une explosion sensorielle qui recrée un sidérant trip sous LSD – la lead guitar d’Harrison, des “”, un son de sitar saturé. Les paroles – “” – ne ressemblent à rien de ce que l’on peut attendre des Fab Four. Quant à la voix, Lennon voudrait qu’elle sonne comme celle “” avec “” dans la profondeur de champ. Il devra se contenter, sur une idée de Geoff Emerick, un jeune ingénieur du son de 18 ans qui débute au côté de George Martin, de chanter à travers la cabine Leslie d’un orgue Hammond. Le morceau sera mixé en direct avec l’aide de plusieurs magnétophones, envoyant en mode aléatoire les boucles préparées par McCartney vers la console du studio. De l’aveu même de ce : un album qui, selon Emerick, “ [artistes, ndlr] .” Pour le producteur Giles Martin – fils de George –, déjà aux commandes sur les précédentes rééditions Beatles : Revolver