Version biplace du P-80 Shooting Star, premier chasseur à réaction américain produit en grande série, le Lockheed T-33 sert à l’entraînement avancé de plusieurs générations de pilote dans le monde entier, où l’aide américaine permet son large export. 6557 exemplaires sont construits de 1948 à 1959.
L’histoire du Jaguar, entré en service en 1972 dans l’armée de l’air et l’année suivante dans la RAF, est paradoxale. Mal né en raison d’attentes difficilement conciliables des deux armées, ce biréacteur d’attaque au sol a souffert d’une mauvaise réputation en France, où le rachat de son constructeur Breguet par son rival Dassault en a fait le malaimé des programmes aéronautiques militaires de l’après-guerre, tandis que sa sous-motorisation faisait râler les pilotes…
Pourtant, le Jaguar a été pendant près de trente ans la bête de somme de l’armée de l’air, dont il a rempli presque toutes les missions de combat, à l’exception de la défense aérienne. C’est avec lui que la France a vraiment ouvert l’ère des opérations extérieures (OPEX), du Tchad à la guerre du Golfe, mais aussi défriché nombre de missions nouvelles, du guidage laser des frappes aériennes aux raids longue distance depuis la métropole, en passant par la guerre électronique et la lutte antiradar – dans laquelle il n’a, d’ailleurs, pas de véritable successeur. Le Jaguar doit ce bilan élogieux – au terme d’une gestation difficile – aux compromis qui ont présidé à son développement: l’appareil est aussi le premier programme d’avion de combat mené en coopération internationale par la France.
Tout commence en 1964, quand l’état-major de l’armée de l’air émet une fiche programme pour un futur avion destiné à remplacer les derniers appareils américains reçus au titre de l’aide militaire de Washington à ses alliés européens, en voie d’obsolescence : les Lockheed T-33, utilisés pour la transformation sur