Et je suis à Chelles dans ma chambre toute verte, avec le petit peignoir qui va avec et mon pote Babar que j’emportais partout. Et cette photo représente très bien cet âge où notre seule contrainte dans la vie est d’être couché à mais ma mère mettait tous les matelas dans le salon – elle appliquait spontanément la méthode Montessori! – donc nous dormions toujours tous ensemble. Notre appartement était une espèce de grand terrain de jeux avec des espaces très ouverts et quasiment pas d’interdits: on avait envie de sauter sur le lit? On sautait sur le lit. On avait envie de se badigeonner tout le corps de crème hydratante? On se badigeonnait tout le corps de crème. Rien n’était grave, ma mère étant dans l’accompagnement plus que dans la direction. Et je pense que si j’ai été considéré, très rapidement, comme – à la maternelle, ils avaient été que je reconnaisse Van Gogh… –, ça vient d’elle. Elle est très cultivée. Et puis… je posais beaucoup de questions. J’avais besoin d’être fier. De retisser le lien, de comprendre notre histoire. Celle, par exemple, d’un monsieur qui s’est esquinté les poumons dans les usines à charbon – mon grand-père maternel. Ou, du côté de mon père, de mes origines touaregs. Mon père qui, même s’il a beaucoup travaillé, a été un coparent extraordinaire, qui changeait les couches et savait tout faire. Enfin, ma mère m’a souvent répété que Et quand tu as compris ça… Eh bien, quand tu as l’impression d’être un peu dans une impasse – enseveli –, tu sais qu’il y a un moment où tu vas avoir la chance de pouvoir recommencer. Et ça, ça t’apaise. Ça t’apaise énormément. »
SLIMANE
Oct 06, 2022
1 minute
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