es deux, bien sûr, mais pas dans les mêmes circonstances! Le chiffre est au nombre ce que la lettre est au mot: un signe, on ne compte que dix chiffres, de 0 à 9, quand les nombres, eux, sont… innombrables! Tout le mal vient en fait de la métonymie, que le commun des mortels utilise sans toujours le savoir, tel M. Jourdain la prose: on a pris l'habitude, dans la langue courante, d'user de pour le nombre qu'il représente. C'est ainsi que le comptable s'inquiète du chiffre des dépenses, le démographe du chiffre des naissances et le chef d'entreprise du chiffre d'affaires. Personne ne sourcillera davantage à l'idée d’évoquer une somme « en chiffre(s) rond(s) » (singulier chez Thomas, pluriel chez Robert), quand, à y bien regarder, ce ne sont pas des chiffres que Ton arrondit, mais bel et bien des quantités, autrement dit des nombres. Rien que de très conforme à la vitalité d'une langue, laquelle, pour survivre et s'enrichir, se doit de louvoyer entre sens propre et figuré. Le tout, encore une fois, est de mettre le curseur au bon endroit et de se souvenir qu'au-delà des dix chiffres susdits (lesquels sont aussi des nombres) on ne trouve plus, en bonne arithmétique, que des nombres. On… compte sur vous!
