Pourquoi lui et pas un autre ? Car de brillants oncologues, et qui publient des livres, on en connaît. Alors? Lui est convaincu que les médecins sont des artistes. Et qu’il s’agit de se pencher davantage sur le malade que sur la maladie. Alain Toledano, 44 ans le mois prochain, est un homme de paroles. Au pluriel, c’est toute la différence. Savoir parler, donc, ce qui implique de savoir écouter. C’est peut-être là qu’un artiste sommeille en tout médecin. Il faut ajouter une sensation à une vision du monde. Et dans sa spécialité de radiothérapie, ça change tout. Rien n’effraie un malade comme l’évocation des radiations destinées à détruire les cellules cancéreuses. Alors, pourquoi lui plutôt qu’un autre?
« La culture du travail ! il n’y a pas que les protestants ! Nous aussi avons été élevés dans cet esprit », répond-il lorsqu’on le presse de fournir une explication à sa réussite, si tant est qu’on puisse le faire à mi-parcours d’une existence. Des parents marocains d’origine séfarade venus du mellah de Meknès, le quartier juif déshérité. Pratiquants mais sans ostentation, attachés aux traditions, respectueux du shabbat et soucieux de transmettre des valeurs à leurs cinq enfants.
Ceux-ci naissent dans l’Est parisien. Le père, qui dut refouler une vocation de médecin faute de moyens pour financer des études longues, est professeur d’histoire-géo et directeur d’école. Il accomplira son rêve à travers ses trois fils : Alain, l’aîné de la fratrie, oncologue radiothérapeute ; le deuxième, généticien ; et le troisième, médecin nucléaire. Lorsque ce fut fait, le père a juste demandé qu’on lui