Le Journal du dimanche

L’homme qui voulait vider la Méditerranée

Des fonds marins hérissés d’épis de béton près du littoral. Des rivages bordés de kilomètres de digues. Des tonnes de galets et de sable déversées pour engraisser les plages et remblayer les côtes… « Tout cela est déjà une réalité sur les rives françaises de la Méditerranée : on se bat contre la montée des flots et ça ne fait que commencer », constate, inquiet, le professeur de biologie marine à l’université de Nice Sophia-Antipolis Alexandre Meinesz. Le niveau global des océans pourrait, selon le Giec, augmenter de 30 centimètres d’ici à 2050, jusqu’à 1 mètre d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. L’impact conjugué de l’érosion, des tempêtes et des submersions marines sera renforcé. Dès le milieu du siècle, 1 milliard de Terriens pourraient être contraints de fuir les littoraux. Les habitants des 23 pays se partageant la façade méditerranéenne ne seront pas épargnés. Sont-ils voués à jouer les Sisyphe à coups de digues, d’enrochements, de pilotis ?

Face à ce péril, une idée agite un petit cercle de scientifiques : bâtir un barrage géant entre l’Espagne et le Maroc, au niveau du détroit de Gibraltar. Quatorze petits kilomètres à franchir. Du haut de ses 81 ans, l’océanologue Jim Gower milite pour que cette hypothèse soit sérieusement étudiée. En octobre, ce chercheur de l’Institut des sciences de la mer du Canada se rendra à Venise à la conférence scientifique internationale Oceans from Space avec une mission : défendre son projet de barrage, qu’il a détaillé en 2015 dans la revue. Quel meilleur symbole (le pic de marée) ? En créant d’abord une différence de hauteur de 1 mètre entre l’océan Atlantique et la Méditerranée, qui serait ensuite réduite, Jim Gower estime possible de réguler le niveau de cette mer. Le tout en cinq ans de travaux et pour un budget d’environ 50 milliards d’euros. Cinq fois moins cher, calcule l’océanologue, que le coût des protections qu’il faudrait ériger tout au long des 50 000 kilomètres de rives méditerranéennes.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Le Journal du dimanche

Le Journal du dimanche1 min de lecture
Bonne Semaine
Ingénieur, pilote d’hélicoptère, formée au Centre européen des astronautes à Cologne, en Allemagne, elle est la deuxième Française – après Claudie Haigneré – à devenir officiellement astronaute. Diplômée du prestigieux MIT – Massachusetts Institute o
Le Journal du dimanche3 min de lecture
Sécurité Privée « La Surveillance Humaine Est Un Métier En Tension »
« L’État ne peut se satisfaire de l’ampleur de ces défaillances. » Le comité ministériel des Jeux olympiques et paralympiques, réuni le 15 avril, a dressé un constat brutal, révélait Le Monde cette semaine : la sécurité privée risque de ne pas être a
Le Journal du dimanche1 min de lecture
Sudoku
moyen

Associés