Le secret d’Evelyne
Depuis 8 heures ce matin, Evelyne n’avait de cesse de retourner la maison à la recherche d’une canne. Elle avait refusé d’accompagner Charles au marché du samedi. Son mari détestait faire les courses sans elle parce qu’elle n’était jamais satisfaite de ce qu’il rapportait. Les fruits étaient trop mûrs ou pas assez, il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Mais elle était tellement énervée ce matin, à cause de cette fichue canne, qu’il n’avait pas demandé son reste.
Qu’est-ce qu’il en savait, lui, de l’endroit où se cachait cette chose ? Il l’avait achetée dix ans auparavant, quand on lui avait posé une broche dans la jambe et dès qu’il n’en avait plus eu besoin, elle avait disparu. Evelyne aurait dû savoir où elle l’avait rangée.
Quand il rentra du marché, la canne était là, dans le couloir, accrochée à la patère.
– Tu l’as enfin retrouvée. Tu vas peut-être enfin me dire pourquoi tu en as besoin ?
– C’est pour Marthe.
– Elle s’est blessée ?
– Non, mais tu l’as invitée à prendre le thé demain. Charles se frotta le crâne.
– Mais… que comptes-tu faire avec la canne ?
Evelyne lui prit le sac à provisions des mains et le déposa sur la table de la cuisine pour en inspecter scrupuleusement le contenu.
– Tu aurais dû mettre les tomates dessus, celle-ci est écrasée.
– Tu pourrais en faire un coulis, suggéra Charles, penaud. Parle-moi plutôt de cette canne. Quel est le rapport entre elle et Marthe ? Elle renifla bruyamment, comme toujours quand la moutarde lui montait au nez.
Charles sentit venir la tempête et tenta de s’éclipser dans le salon. Entre Marthe et lui, il y avait eu quelque chose. C’était il y a longtemps. Une petite aventure sans importance, dont Evelyne n’avait jamais eu connaissance.
Mais à l’instant, il avait l’impression que c’était écrit sur son front.
– Ah non, tu ne vas pas te défiler, entendit-il dans son dos. Les pommes de
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