« J’ai survécu à mon coma »
on destin bascule à 21 h 30, le 21 octobre 2008. Étudiante en droit, je me rends à scooter à l’un de mes petits boulots lorsqu’une voiture me percute violemment. Tandis que mon corps est projeté à 32 mètres de là, ma tête heurte le bitume à trois reprises, protégée par le casque lors des deux premiers impacts uniquement. À l’arrivée des secours, je gis dans mon sang. Mon il m’est impossible de bouger une phalange ou d’ouvrir les yeux. Je m’accroche alors à l’espoir que les voix ne débranchent pas les fils miraculeux qui me relient à la vie. Bien que dans le coma, j’éprouve une fatigue abyssale, car j’ai la sensation de courir encore et encore pour me cramponner à la vie. Parfois, aussi incroyable que cela paraisse, je fredonne intérieurement. Les mélodies bercent mon âme et m’apaisent. Dans ma tête, je visualise mes émotions sous forme de couleurs. Le marron traduit ma peur, mon désespoir. Le rouge me rassure, il symbolise ma famille et tout ce qui est positif. Le jaune représente l’espoir. J’ai, par ailleurs, la sensation de baigner dans un entrelacs de lignes géométriques, de rayures infinies, qui se croisent de temps à autre. Un jour, je comprends que des proches sont à mon chevet. Ces retrouvailles m’apportent un peu de chaleur et la sensation agréable de ne plus être seule, abandonnée. Lorsqu’une voix médicale me demande de lui serrer la main : impossible. Je sens comme une rivalité entre mon cerveau et ma main, avec l’impression étrange qu’aucun des deux ne parvient à m’obéir. Je comprends pourtant tous les gestes que l’on me demande d’accomplir. Si je ne bouge pas la main, la voix va-t-elle en déduire que je ne l’entends pas ? C’est effroyablement angoissant. Ce ne sont pas des souvenirs qui me permettent d’évoquer mon coma, mais des flashs qui me reviennent et s’associent entre eux, à l’image d’un puzzle.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits