En justes noces

11 – RÉSUMÉ : Le comte accepte la demande du docteur Périgot, les soldats blessés seront accueillis au château. De son côté, Edmée se rend à l’hôpital pour proposer son aide au médecin. Son père, fatigué, se laisse convaincre sans trop de difficultés. Seule Euphrasie est réticente, mais l’opiniâtreté de sa petite-fille a raison de ses objections. Edmée commence par s’occuper de Marcel, le jardinier, et demande au docteur d’ausculter madame Serisy. Monsieur Morel tient à payer les honoraires du médecin qui diagnostique une bronchite. Les soldats s’installent au château et, au bout de quelques jours, la comtesse douairière se montre finalement très hospitalière, invitant quelques-uns d’entre eux à venir boire le thé chez elle. (Voir Veillées n ^os 3531 et suivants.)

Installée dans son salon avec quelques soldats qu’elle avait invités à venir prendre le thé, la comtesse douairière interpella Marie.

– Apportez aussi des madeleines ! cria-t-elle par la porte restée ouverte.

– Des madeleines ! dit l’un des soldats. Ma grand-mère m’en faisait toujours !

– Ah ! les grands-mères ! répondit Euphrasie, ravie, en se tournant vers lui. Ce sont les piliers des familles. Qui ne se souvient pas des pâtisseries concoctées par les grands-mères pour leurs petits-enfants ? ajouta cette femme qui n’avait jamais cuisiné pour quiconque de toute sa vie.

L’un d’eux pensa qu’en matière de grand-mère, il se souvenait surtout des coups de trique que lui donnait la sienne quand il était petit.

– Et d’où venez-vous, mon jeune ami ? demanda-t-elle à l’adresse de l’amateur de madeleines.

– De Bretagne, madame, répondit-il fièrement. Avant cette fichue guerre, j’aidais mes parents. Oh ! c’est une bien petite ferme, mais nous avons quand même quelques bêtes, des cochons surtout. Je me demande bien ce qu’a pu devenir sans moi un vieux verrat qui nous donnait bien du mal.

Euphrasie écoutait, tendant son long cou maigre vers celui qui, ému, se plaisait à se souvenir d’antan, bien