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Sam Stourdzé réenchante la Villa Médicis

A-T-IL ÉTÉ DIFFICILE DE QUITTER LES RENCONTRES D’ARLES ? SURTOUT APRÈS L’ANNONCE EN 2020 D’UNE ÉDITION QUI N’A PAS PU AVOIR LIEU…

J’ai vécu un sentiment assez étrange, très ambivalent, mais on peut être triste de quitter un lieu tout en étant content d’aller en servir un autre. Pendant six ans à la tête des Rencontres, 290 expositions ont été réalisées. Ça a été une aventure de chaque instant, des défis les plus fous. Ce qui m’a le plus intéressé, c’est d’arriver, par le biais de la photo, à dialoguer avec d’autres disciplines: l’architecture, le design, la musique, la littérature, d’ouvrir des nouveaux espaces en permanence et d’en construire parfois – le pavillon de bambou de Simón Vélez, sur les bords du Rhône, en 2018, ça a été un formidable événement ! Pendant trois mois, c’est toute la ville qui vivait au rythme des Rencontres, avec à la fin plus de 1400000 visiteurs, embarquant aussi les populations locales. C’est cette expérience globale qui m’anime.

LE TERRAIN DE JEU, À MÉDICIS, EST-IL BEAUCOUP PLUS RESTREINT ?

Je n’ai pas le droit à tout Rome, mais à 7 hectares au cœur de la ville, c’est déjà pas mal! Je découvre, dans la même approche enthousiasmante, ce trait d’union entre l’histoire et la création contemporaine, la manière selon laquelle on peut être une sorte de synthèse et, au-delà, un lieu de conception qui convoque le passé pour nourrir le futur, et ça, c’est excitant.

AVEZ-VOUS PERÇU CETTE NOMINATION COMME UN CHALLENGE ?

Plutôt un défi personnel, mais en restant modeste. C’est une maison qui a 350 ans: les directeurs ont des mandats de quelques années, on passe par là, la Villa, elle, restera. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’on peut en faire.

JUSTEMENT, LA CONSIDÉRIEZ-VOUS COMME UNE TOUR D’IVOIRE ?

Je cherchais un endroit où l’on puisse créer des choses et donc oui, ça passait aussi par le fait que l’institution redescende quelques marches de son piédestal pour créer une dynamique beaucoup plus horizontale. Mais, en vérité, cette image qu’on a d’un lieu refermé sur lui-même est trompeuse – sûrement due à cette bâtisse austère qui domine et boude un peu la ville… La réalité est tout autre. Car si la France a été l’une des premières à fonder une académie, c’était pour y mettre ses artistes en relation avec les grandes œuvres réalisées à Rome, venir copier l’antique, être en interaction avec ce qui a été l’un des foyers les plus vivants de la création et rapporter en France ce talent, cette vision. Donc il y a toujours eu cette idée d’échanges, de confrontation, de dialogue. Il faut aujourd’hui le perpétuer dans une autre approche. Au XXIe siècle, la Villa Médicis doit être un laboratoire, un lieu d’expérimentation, un bouillon de culture permanent.

ÊTES-VOUS VENU AVEC UNE ÉQUIPE ?

Non, je ne fais jamais comme ça. Quand j’ai quitté le musée de l’Élysée, à Lausanne, j’avais une équipe

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