Guerres & Histoires

LES ARDITI, ENTRE AUDACE ET VIOLENCE

Bien qu’alliée de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie comme membre de la Triplice jusqu’en 1914, l’Italie choisit la neutralité à la déclaration de guerre et rejoint finalement le camp de l’Entente en avril 1915.

Les alpini sont des troupes de montagne spécialisées créées dans l’armée italienne en 1872. Le corps des chasseurs alpins français est constitué en réaction à la fin des années 1880.

Les soldats autrichiens et croates du Generaloberst von Boroevic n’en reviennent pas. Alors qu’ils s’apprêtent à repousser, une fois de plus, l’infanterie italienne au col de San Marco, près de Gorizia, ils voient surgir sur la pente une centaine de diables. Hurlant, le pistolet-mitrailleur Villar Perosa – le premier jamais fabriqué – sur la hanche, jetant les grenades par centaines, agiles et mordants, ils rejettent leur adversaire en contrebas et signent ainsi un des rares succès de la 10e bataille de l’Isonzo, le 14 mai 1917. La surprise est totale. Autant de détermination et de hardiesse ne sont plus coutumiers côté italien, après deux années de combats aussi sanglants que stériles. Les hommes de von Boroevic viennent de découvrir une unité d’un type nouveau, les arditi (audacieux).

Il ne s’agit encore que d’une section expérimentale, issue d’un long processus commencé au début de la guerre en 1915 et qui aboutit à l’été 1917. Entre ces deux dates, on voit lentement émerger des soldats aguerris auxquels le commandement confie des missions de repérage, d’attaques dispose d’un peloton de 80 de ces hommes nommés « explorateurs ». Très vite – mai 1915 – des compa gnies autonomes voient le jour, comme celles commandées par le capitaine Baseggio, opérant non sans un certain succès dans la vallée de la Valsugana, ce qui permet à l’officier de se présenter après la guerre comme le « père des ». Paternité en réalité illégitime pour les historiens, puisque ce n’est qu’en juillet 1916 que le franchit une nouvelle étape en instituant « l’insigne pour militaires audacieux » – –, utilisant pour la première fois ce terme appelé à devenir légendaire. En réalité, on trouve l’origine des dans la réflexion sur la nature de la guerre menée sur le front de l’Isonzo. Bien loin de l’offensive de type napoléonien qui devait, dans l’esprit du généralissime Cadorna, porter le (l’armée royale) jusqu’à Vienne, le front italien s’enfonce lui aussi dans l’immobilisme que tentent de rompre onze offensives meurtrières successives entre juin 1915 et septembre 1917, chaque fois au prix de dizaines de milliers de pertes (près de 150000 dont 35000 morts pour l’offensive du 10 mai au 8 juin 1917). Les naissent alors de la recherche du meilleur moyen de fragiliser le front adverse pour mieux le rompre.

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