Château Lafite incarne un mythe dans le monde du vin. N’est-ce pas un peu lourd à porter ?
Oui, mais en même temps c’est rassurant car nous ne sommes qu’une petite partie de l’équation, ce qui est le cas dans la viticulture en général. Tant d’éléments entrent en compte pour réussir un grand vin. La marge d’erreur est énorme, cela nous oblige à beaucoup d’humilité. Mon rôle consiste à ne pas marquer les esprits.
N’y a-t-il pas une frustration lorsqu’il y a peu à apporter de soi-même dans une histoire si forte ?
C’est une grande difficulté. Nous sommes tous humains, avec un ego et une personnalité. Il faut savoir se retenir, s’oublier… Il s’agit d’un grand défi.
Votre parcours ne vous prédisposait pas à prendre la tête des domaines familiaux…
Je voulais être écrivain (Érable ) et journaliste. J’ai toujours voulu raconter des histoires, écrire sur un lieu et ses réalités. En même temps, j’étais très attachée au vin et aux vignobles dans lesquels j’ai grandi, ce qui constituait un lien avec mon père. J’ai vécu en Inde, en Amérique, en Italie, en Côte d’Ivoire, en Argentine, avec une grande liberté dans mon éducation, une mère italienne et artiste. Je me suis toujours sentie libre