POUR JENNIFER LOPEZ, ce concert en novembre 2014 à Macao n’avait rien d’extraordinaire. Elle devrait chanter quarante minutes (en l’occurrence sur un backing track), encadrée par six à huit danseurs; le contrat stipulait qu’elle disposerait “d’un son et d’un éclairage de première classe”. Mais il serait interdit d’enregistrer ou de filmer le show. Ainsi que de vendre des billets. ⋆ Le cachet – 1,25 million de dollars – était lui aussi inhabituel. Une riche famille chinoise avait invité Lopez à se produire à l’occasion d’un anniversaire, ajoutant 500000 dollars pour les billets d’avion et l’hôtel. L’opulence ne s’arrêtait pas là: pour l’occasion, la famille avait construit un restaurant et un night-club, reliés par une passerelle, dans la salle de réception d’un Grand Hyatt. Le tout pour environ 20 spectateurs, moins que le nombre de personnes travaillant sur ce concert.
Depuis plus de vingt ans, des stars en tout genre, de Bob Dylan aux Eagles, d’Alicia Keys à John Legend, sont embauchées à prix d’or pour se produire lors de soirées d’entreprises, devant des employés ou des clients. Même lors de la pandémie, cet écosystème a perduré. En décembre dernier, la plateforme de jeux Gala Games a organisé son “Galaverse”, soirée privée à San Francisco, où 500 invités ont pu écouter Maroon 5, Alice Cooper, le DJ Steve Aoki, un peu de Snoop Dogg ainsi que deux membres d’Arcade Fire.
Mais à côté de ce type de soirées se développe un univers parallèle bien plus mystérieux, le concert ultra-privé. Là, les stars du rock, du hip-hop et de la pop touchent de gros cachets pour jouer lors de mariages, d’anniversaires ou de n’importe quoi d’autre, pour ceux qui en ont les moyens. Ces festivités permettent à l’artiste de repartir avec des poches bien pleines et à ses richissimes hôtes de se sentir comme des stars. Cependant, ces gains de