JOHN ANTHONY GILLIS EST DE RETOUR. Pour son précédent opus, le plutôt décevant et foutraque “Boarding House Reach”, les entretiens s’étaient faits rares. Quatre années plus tard, le voici revigoré et désireux d’offrir quelques précieuses minutes de son temps. Nous voilà donc embringués dans une conversation Zoom toutes caméras éteintes — triste tendance promotionnelle ces temps-ci. Pas grave, on est heureux de le rencontrer, et de si joviale humeur. Normal, “Fear Of The Dawn” relève la barre de manière réjouissante: un disque zeppelinien, vif, électrisant. Oubliés les tripatouillages atonaux, place aux guitares rugissantes et aux batteries qui cognent. Alors que son vieux rival Dan Auerbach ressasse le blues de manière un brin convenue, Jack White III trace sa route, en marge, avec toujours le même souci du détail.
Bleu électrique
A désormais quarante-six ans, l’auteur de “Seven Nation Army” est toujours ce créateur maniaque, exigeant, pétri d’imagination. Mieux, de récents clichés le montrent aminci, comme rajeuni. Une véritable métamorphose, entreprise via un régime strict inspiré par l’antique grimoire “The Fasting Cure” d’Upton Sinclair (1911). Et puis, il y a cette nouvelle coupe de cheveux: courte, teinture en bleu électrique. La signification de cette étonnante audace capillaire? Jack explique: “rires.” Si l’homme a souvent été interrogé sur le chiffre trois, il a plus rarement été sondé sur la couleur fétiche de sa dernière décennie. White, fidèle au voile de mystère qu’il aime déployer autour de lui, n’en divulguera que certaines clés: “” On n’en saura pas plus, mais la transition est faite avec le nouveau long-format, “Fear” Pour la facette musicale de ses activités, Jack bat le rappel de ses fidèles techniciens: l’ingénieur du son barbu Joshua V Smith et Bill Skibbe, professionnel du mastering. Des types pointilleux qui savent tout de ses goûts en matière de matériel d’enregistrement, et comment façonner ce son brutal caractéristique, totalement analogique. Ils agrémentent aussi l’autarcie artistique dans laquelle il se retrouve, une situation qui ne le ravit pas tant que ça: “”