Jusqu’à la fin de ses jours, il a voulu qu’on lui écrive et qu’on l’appelle « général La Fayette ». Mais sa vie est si longue et si complexe, son rôle politique si important que ce volet de sa carrière est souvent laissé de côté – à tort. Si, comme dans la plupart des familles de noblesse d’épée, La Fayette est attiré par le métier des armes, il s’agit dans son cas d’une véritable passion.
Gilbert du Motier, marquis de La Fayette est né le 6 septembre 1757 sous une étoile indéniablement martiale. D’abord, parce qu’il appartient à une lignée très ancienne de la noblesse auvergnate qui remonte au XIIIe siècle et dont la branche aînée comporte un maréchal de France, compagnon de Jeanne d’Arc. Cette tradition se perpétue jusqu’à son père, Michel du Motier, qui met comme condition à son mariage avec Marie-Louise Jolie de La Rivière d’obtenir l’argent nécessaire à l’achat d’un régiment des grenadiers de France. Sa carrière sera brève: le colonel de 25 ans est tué à Minden en 1759, laissant le petit Gilbert orphelin. Les deux frères de Marie-Louise ayant également trouvé la mort pendant la guerre de Sept Ans, la jeune veuve devient alors l’unique héritière du richissime marquis de La Rivière, qui fait venir Gilbert à Paris en 1768, où il est inscrit au collège du Plessis. La mort de sa mère et du marquis en 1770 fait de Gilbert un des plus riches héritiers de France. Son éducation est alors confiée à son arrièregrand-père, le comte de La Rivière, lieutenant-général et ancien capitaine des mousquetaires.
Victor-François, duc de Broglie (1718-1804), fils et petit-fils de maréchaux de France, est lui-même maréchal de France en