Ce n’est pas le Dalaï-Lama, non, mais quand il entre dans une pièce, se produit une chose étrange: une sorte de silence respectueux, que consolide son sourire aimable et des manières parfaites, avec un petit côté Timothée Chalamet. Rien ne sera parvenu à le griser, ni sa victoire au Concours Tchaïkovski ni les lauriers tressés par une presse unanime. Il joue du piano, regarde des films, il est timide, aime écouter les gens… Nous ne parlerons pas du Covid qui, selon la formule, a bouleversé bien des projets. Nous évoquerons avec lui l’année 2022 qui marque la fin de son cycle discographique des concertos de Saint-Saëns et les adieux à la scène violinistique de son papa, Jean-Jacques Kantorow. Lequel nous disait il y a cinq ans, dans un sourire un peu gêné: « vous savez, j’ai un fils qui joue du piano, il a un talent fou ». Ah oui, vraiment?
Alexandre Kantorow: Même si ce n’est pas encore totalement sûr, mon père a émis le souhait d’arrêter de jouer du violon, du moins sur scène. Nous avons décidé de travailler ensemble le plus possible, notamment en enregistrant un disque des trois sonates de Brahms. Nous ne savons pas si nous les éditerons un jour ou si elles resteront comme un souvenir intime. Au programme de cette année, il y aura une émission d’Anne Sinclair, des concerts et la parution du dernier volume de nos concertos de Saint-Saëns. Nous sommes souvent frustrés de ne pas passer assez de temps ensemble, cette année devrait y remédier.
Comment est née votre relation musicale?
Dans un premier temps, mon père a simplement été mon père. C’est ma