Jeremy Ivey
“Invisible Pictures”
ANTI
Il n’y a même pas deux ans, on disait ici tout le bien qu’on pensait de son deuxième album, “Waiting Out The Storm”. Le premier, “The Dream And The Dreamer”, presque aussi bon, était sorti l’année précédente. Et voici le troisième, alors qu’on annonce qu’il prépare déjà le suivant… Bon, tout est une question d’époque: dans les années soixante, pendant le même laps de temps, les Beatles sortaient trois albums et six ou sept singles. Mais aujourd’hui, c’est rare. Jeremy Ivey est aussi très doué, c’est indéniable, et ce disque le prouve une fois encore. Ce coup-ci, il a réduit les commentaires sociaux et politiques désabusés, et foré une veine plus personnelle, intime, à l’image du premier titre et premier single, “Orphan Child”. Les textes sont toujours intelligents, surprenants, malins. Mais bizarrement, le son est plus gros, avec un petit côté Tom Petty produit par Jeff Lynne. Margo Price, sa femme, également excellente singersongwriter, n’est plus à la production — elle se contente de co-signer le très bon “Keep Me High” et de poser sa voix ici ou là. C’est le fameux Andrija Tokic (Alabama Shakes) qui a rassemblé les musiciens, tous excellents (on est à Nashville, un mauvais musicien n’y survit pas plus de quelques jours), et réalisé l’affaire. A l’arrivée, le choc est moins grand qu’à la découverte de “Waiting Out The Storm”. C’est surtout parce que les mélodies sont moins fortes. Plus banales. Tout est parfait, mais ça ne prend pas vraiment. Pas autant que les deux premiers. Attention, ça reste du premier choix, bien sûr. Mais le précédent était tellement au-dessus de la moyenne… Un jour, Jeremy Ivey sera énorme. Bientôt. Peut-être que son prochain album sera le