TIC TOC
« Cela fait un petit bout de temps que ce vent souffle à l’Ouest. Les Japonais ne font plus l’amour, comme en atteste une étude de 2015 selon laquelle un trentenaire nippon sur vingt n’a jamais eu de relation sexuelle de sa vie, alors que 50 % d’ex-“pratiquants” ont aujourd’hui abandonné cette activité. Un phénomène circonscrit au pays du Soleil levant, faisant état d’un mouvement similaire aux États-Unis où un tiers des hommes américains de 18 à 24 ans n’auraient eu aucune relation sexuelle dans l’année écoulée, par manque d’intérêt (pour 20 %), quand un quart des femmes interrogées, elles, n’hésitent plus à juger ce passe-temps… “boring” Damn! La teen-obsession du XX siècle, où tout ado biberonné au porno du samedi soir et aux revues planquées sous le lit, ne pensait “qu’à ça”, serait-elle passée de mode? Peut-être bien, si l’on en croit l’entreprise malaisienne Karex, première productrice de préservatifs au monde, qui a vu ses ventes baisser de 40 % pendant le confinement, l’obligeant à réorienter ses activités vers la fabrication de gants en latex (sic). Le stress et la pandémie auraient-ils eu la peau de notre libido? Notre temps de désir disponible aurait-il été complètement absorbé par le très fécond Netflix? Alors qu’en quelques clics, il est aujourd’hui possible de se commander un partenaire géolocalisé dans une société over-sexualisée, l’écœurement est manifeste, comme devant une carte de resto où la profusion de l’offre étourdit au point qu’on ne sache plus quoi commander. À moins qu’il ne faille finalement que le sexe vintage se déconstruise en même temps que notre vieille société patriarcale pour revenir, tout neuf et en phase avec nos désirs actuels souvent bien éloignés de l’image calquée sur une époque révolue. Reload. »
