1840, un Français dans l’enfer du Sudd
oici trois jours déjà que, perdues dans un dédale de chenaux, les canonnières tentent de s’arracher à l’étreinte des radeaux de jacinthes d’eau. Le miroir d’étain de la surface n’est troublé que par l’échine des crocodiles. Depuis la passerelle, le regard se heurte de tout côté à l’impénétrable rideau de papyrus. De temps à autre, des claquements d’ailes d’oiseaux affolés ou la fuite éperdue d’un cob dans les roselières rappellent l’explosion de vie sauvage derrière cet écran végétal. Entre 9° et 6° de latitude nord, le Nil s’assoupit, paresse en méandres vaseux. C’est le Sudd, pays de phragmites et d’antilopes amphibies. Souvent la végétation largue les amarres et s’agrège en îles flottantes qui finissent par bloquer les canaux navigables, toujours prompts à modifier leur tracé d’une année à l’autre. Pendant des siècles, ces marigots infestés de moustiques ont arrêté explorateurs et marchands d’esclaves dans leur remontée du Nil. « » signifie « la barrière
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