«On voit arriver des gens hyper intelligents qui ont envie de croire que la viticulture, c’est les petits oiseaux, la vie en plein air et le vieux tracteur avec la marguerite. Certains sont naïfs au point de ne pas chercher à se renseigner. Être naïf, ce n’est pas grave quand on démarre. Mais il faut être naïf… et courageux. Ou alors avoir beaucoup, beaucoup d’argent », constate Laurent Cornud, patron de LC Vini-Service à Beaumes-de-Venise. Lorsqu’il reçoit des “néo”, il ne leur dit pas qu’ils vont en baver… mais pas loin quand même : « Je préfère les avertir tout de suite et que trois ans plus tard, ils me disent “C’est dur, mais tu avais raison”, plutôt que “Si j’avais su”… ».
Laurent ne s’arrête pas là. Il leur propose aussi des solutions pour minimiser les risques et passer le cap des trois premières années, les plus difficiles. En l’occurrence, il s’agit d’externaliser certaines tâches, soit à la vigne, soit au chai. Son entreprise propose un forfait à l’hectare, en réponse à ceux « qui achètent (très cher) une vigne après les vendanges et n’ont absolument aucun matériel ni compétence pour la travailler ». Ce qui, à l’écouter, arrive régulièrement dans sa région. « L’idée, c’est qu’au bout de quelque temps, ils volent de leurs propres ailes », poursuit-il. En ce moment, Laurent travaille ainsi pour une vingtaine de domaines.
Ils sont nombreux à proposer comme lui des solutions pour pallier les trous dans la raquette de l’installation viticole.sur dix ans et un prêt bancaire sur trente. Mais ça, c’est la théorie. En pratique, les parcours d’installation sont bien plus variés et chaotiques…