Les montagnes de l’horizon
9–RÉSUMÉ: Gabriel quitte son village natal pour s’installer dans la montagne. Malgré les difficultés, le temps fait son œuvre et la rencontre avec Clémence le reste, avec des jours heureux et un beau garçon né de ce bonheur partagé. Au fil des mois, maître Robin devient le meilleur ami de Gabriel. Leur sensibilité les rapproche et ils éprouvent le même attrait pour les sommets. Entre promenades et conversations, leurs échanges s’enrichissent et quand Gabriel lui confie son attirance pour le Grand Pic et la nostalgie de son amie lointaine, Nathalie, le notaire se prend à citer Pétrarque et Laure de Noves, qui lui aurait inspiré ses plus beaux poèmes. Et d’évoquer le mont Ventoux, ce lieu que l’homme de lettres a décrit. (Voir Veillées no 3503 et suivants.)
L’hiver, la fière pyramide du mont Ventoux est encapuchonnée de neige, l’été, son sommet de pierres ocre pose une tache dorée dans le ciel provençal, et toujours il attire le regard dans toute la région. Dans l’esprit du jeune Pétrarque, qui avait lui aussi longuement contemplé la montagne, naquit un étrange désir, il l’a d’ailleurs décrit dans une lettre : « Altissimum regionis hujus montem, quem non immerito Ventoso vocant, hodierno die, sol vivendi insignem loci altitudinem cupiditatae ductus ascendi… »
– Excusez-moi, monsieur, je « n’entends pas le grec », interrompit Gabriel qui voulait montrer que lui aussi avait des lettres en citant Les Femmes savantes.
– Pardon, dit le notaire un peu confus, j’ai la fâcheuse habitude quand je m’exprime en version originale d’oublier les sous-titres. Pétrarque dit qu’en contemplant cette haute montagne qui a pour nom Ventoux, il a été « conduit par le désir de s’élever ». Et comme il n’était pas uniquement un rêveur, il décida d’entreprendre l’ascension du mont. C’est un sentiment étrange que le désir d’atteindre un sommet à une époque où les montagnes étaient considérées comme des obstacles ou, tout au plus, comme des sites utilitaires pour établir des places fortes ou des postes
