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Sexe, mensonges et EPO

Pour elle, la fin du monde a déjà eu lieu. Le 5 novembre 2019, sur les coups de 7 h 30, Ophélie Claude-Boxberger est en train de finir la vaisselle du petit-déjeuner quand on frappe à sa porte.

Contrôle antidopage, imagine-t-elle. Encore un médecin avec sa petite mallette et son regard ensommeillé venu le temps de prélever un peu de sang et d’urine. La routine pour une athlète de haut niveau, spécialiste de la course de demi-fond avec obstacles, le 3 000 mètres steeple.

Devant la porte, elle reconnaît deux dirigeants de l’agence française de lutte contre le dopage. Bizarre. Elle les fait entrer, ils s’installent autour de la table de la salle à manger, puis sortent d’épais dossiers. L’un d’eux se met à lire un procès-verbal. Une suite d’articles de lois, des formules juridiques alambiquées et, à la fin, cette sentence lapidaire : « Vous avez été détectée positive à l’EPO lors d’un contrôle réalisé à votre domicile le 18 septembre », soit une semaine avant de partir aux championnats du monde de Doha. Elle encourt quatre ans de suspension.

Pas le temps de cogiter. Déjà des gendarmes débarquent pour la perquisition. Durant quatre heures, ils fouillent tout, du congélateur à la litière des chats, à la recherche de seringues et de flacons. Ils ne trouvent rien, repartent quand même avec des téléphones et des ordinateurs. La sportive, elle, jure qu’il s’agit d’une erreur. Pourquoi s’injecter un produit illégal à la veille d’un championnat du monde où elle était certaine d’être contrôlée? « Je n’ai rien dit, se rappelle-t-elle. J’étais sous le choc. »

Elle me reçoit un après-midi pluvieux de mai dans sa maison de Montbéliard, cachée entre une zone pavillonnaire et des immeubles défraîchis. Escalier en pierre, grenier plein d’appareils de musculation et de trophées, jardin avec piscine, jacuzzi, sauna extérieur. Depuis deux ans, elle sort à peine de cette prison dorée, hormis pour s’entraîner. « Il n’y a qu’en courant que j’oublie », glisse-t-elle d’une voix mal assurée. Aujourd’hui, elle ne se bat plus contre un chronomètre mais contre l’opprobre. Son histoire a dépassé les colonnes des journaux sportifs pour se poursuivre devant les tribunaux.

Elle sait ce qu’on dit à son sujet : elle serait une tricheuse doublée d’une manipulatrice de génie. Elle se voit surtout en fille maudite: une sportive au parcours chaotique qui a tout sacrifié, victime d’un entourage vénéneux et d’un homme capable du pire par jalousie. Qui croire ? Le 7 avril 2021, la commission des sanctions de l’agence antidopage l’a condamnée à deux ans de suspension, reconnaissant « un contexte particulier ». Mais comme elle est interdite de course depuis 2019, elle pourrait en théorie reprendre la compétition ce mois-ci.

Des massages qui dérapent

Rien n’a été simple dans la vie d’Ophélie, même pas les premières semaines. Elle est née le 18

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