RITHY PANH LA MÉMOIRE DANS LA PEAU
En 1980, quand je suis arrivé en France, j’étais quasi mutique. Les Khmers rouges avaient tellement instrumentalisé ma langue maternelle que je ne parvenais plus à l’utiliser », se souvient Rithy Panh, cinéaste et écrivain franco-cambodgien. « Silencieux et vide. Épuisé d’avoir perdu les miens. Épuisé d’avoir survécu », comme il l’avoue dans La Paix avec les morts, son dernier livre, écrit avec l’écrivain et éditeur Christophe Bataille. Il a alors dix-sept ans et il se saisit du français comme le rescapé d’un naufrage s’agripperait à une bouée.
Rescapé de Pol Pot
Quand Pol Pot prend le pouvoir au Cambodge en 1975, le jeune Rithy n’a que 11 ans. Envoyé en camp de analyse-t-il aujourd’hui. En 1979, à la chute du régime khmer rouge qui fera près de deux millions de morts, soit un quart de la population, l’adolescent rescapé parvient à rejoindre le camp de Mai Rut, en Thaïlande, avant de gagner la France où vivent déjà deux de ses frères.
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