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LOVE HAS NO GENDER

Avec Irène, leur bébé de 3 mois, qui savoure dans les bras de Pauline une tétée bien méritée, tandis que Bertille papillonne, sourire vissé sur de jolies lèvres qu’elle a négociées bien rouges, récompense d’une après-midi à jouer les mannequins avec son clan. Cette famille atypique, les deux jeunes mamans ne l’avaient pourtant pas rêvée. Petites, elles s’imaginaient mères, oui, mais plutôt à la tête d’une famille sur laquelle les mots butent. Classique ? Traditionnelle ? Un père, une mère, un ou deux enfants. Normale, pourrait-on dire ? Nul besoin de la nommer, leur » Dans la foulée, elle a ouvert la fenêtre et hurlé sa joie – à l’aube ! – à qui voulait l’entendre. Sa question, Pauline et Sarah ont dû se la poser, elles aussi. Quand la biologie permet aux deux parents de porter l’enfant, le parcours vers la maternité se révèle jalonné de choix. Pauline, qui avait déjà porté Bertille, souhaitait que Sarah, plus âgée qu’elle, puisse à son tour connaître ce bonheur d’être enceinte. Ce choix effectué, les questionnements purent commencer. Une interrogation en particulier les tarauda l’une comme l’autre : comment tisser un lien, en tant que mère, avec un enfant qui n’a pas grandi en soi ? Pour bâtir les fondations de cette relation, elles optèrent de concert pour l’haptonomie, qui permit à ce bébé pas encore né d’être déjà choyé, autant par ses mamans que par Bertille qui prit part avec entrain à l’aventure de la communication . Et puis, une idée un peu folle leur a été soufflée : pourquoi ne pas envisager un co-allaitement ? Séduite, Pauline s’y prépara assidûment, et, magie du corps mais aussi de l’amour, poursuit aujourd’hui encore cette expérience dans le plus grand bonheur. « » nous dit l’intéressée. Une façon idéale de partager la maternité qui a permis à Sarah de se reposer après son accouchement, et à Pauline de tisser un lien charnel unique avec ce bébé qu’elle n’avait pas porté. La venue au monde d’Irène aura, d’un battement de cils, balayé toutes leurs peurs pour les transformer en amour inconditionnel. « », se souviennent en chœur Pauline et Sarah, les yeux chatoyants. « » poursuit Pauline. Il n’en est pas de même aux yeux de la loi française, qui considère Sarah comme l’unique parent ; Pauline, qui jouit de ce lien intime et indéfectible avec Irène, ce lien que seule une mère peut composer avec son enfant, n’a sur le papier aucun lien de parenté officiel avec sa propre fille. L’attend un long parcours administratif au terme duquel, une fois mariée à Sarah, elle pourra adopter son propre bébé. Ce « gang de meufs », comme elles se définissent dans un sourire, transpire la joie, et leur solidité, leur solidarité, leur sororité démontrent qu’elles n’ont besoin de rien d’autre. Même pas des hommes ? « explique Pauline.   » Sans oublier qu’en pratique, être deux mères assure un partage des tâches intrinsèquement plus équitable, et une charge mentale divisée par deux ! « » sourient-elles. Si elles ne se considèrent pas comme un modèle de « famille nouvelle », Pauline et Sarah nourrissent l’envie de visibiliser leur famille dans l’espace public, pour montrer que ce chemin-là est praticable lui aussi. Qu’aujourd’hui, il n’y a plus une famille mais des familles : les couples se séparent, les parties se recomposent, les amoureuses peuvent envisager d’être mères ensemble. « » Ces quatre chic filles incarnent à la perfection ce modèle, cette pluralité des possibilités, avec, en prime, bienveillance en abondance, félicité à volonté et affection à foison.

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